Longer sans enrênement

Chloé Vic

Voici une série d’exercices destinés à préparer votre cheval à travailler en longe en se mobilisant de façon saine.

Exercice 1

Ce petit article est le premier d’une série destinée à expliquer les étapes que j’utilise pour apprendre à un cheval à s’utiliser correctement en longe sans avoir recours à aucun enrênement. Cette méthode est évidemment un peu plus fastidieuse que de poser un gogue ou une paire d’élastiques, mais elle a l’avantage de permettre au cheval de réellement comprendre la posture que l’on attend de lui. Elle est également beaucoup plus progressive et permet au cheval de développer sa musculature à son rythme.

Le premier exercice va vous sembler tout bête : il s’agit de demander au cheval un léger report de poids sur l’arrière-main, à l’arrêt.

Arrêtez le cheval avec les antérieurs le plus alignés possible. À l’aide d’un licol plat ou d’un caveçon, demandez-lui de reporter son poids vers l’arrière de façon à ce que ses antérieurs soient perpendiculaires avec le sol (et non sous lui comme sur la photo de gauche). De face, vous devez voir les pectoraux se contracter et le poitrail remonter entre les antérieurs. Les pressions exercées sur le chanfrein doivent être subtiles (sinon, le cheval recule) et vous pouvez l’aider en touchant légèrement le poitrail avec votre main ou un stick.
Essayez de trouver le point d’équilibre où votre cheval est capable de tenir la posture de lui-même le plus longtemps.

Cet exercice de préparation a deux buts principaux :

  • Tester et renforcer la sangle thoracique de votre cheval. Sans une sangle thoracique tonique pour soutenir le tronc, le cheval aura toujours tendance à se mettre sur les épaules.
  • Commencer à lui apprendre le principe du demi-arrêt, qui vous permettra de gérer son équilibre une fois en mouvement.

Exercice 2

Il s’agit également d’un exercice préparatoire, à l’arrêt, tout simple.

Une fois le cheval en équilibre à l’arrêt, lui demander doucement de céder vers le bas. Pour lui permettre de conserver son équilibre, la tête ne doit pas descendre trop bas (bout du nez pas plus bas que le genou, voire plutôt au niveau du poitrail pour certains chevaux).
On va ensuite demander au cheval de se fléchir légèrement vers la droite et vers la gauche. Pour que l’étirement soit efficace, la nuque doit rester parallèle au sol (la tête ne s’incline pas). Le cheval pivote autour du
creux derrière la ganache (masser
gentiment cette zone peut aider).

Si le corps du cheval est incurvé dans son ensemble, vous verrez la pointe de la hanche s’avancer légèrement durant le processus. Pensez à vérifier que votre cheval continue à tenir son poitrail tout au long de l’exercice.

Exercice 3

La troisième étape consiste à connecter, sur le cercle, le postérieur intérieur au centre de gravité du cheval.
Grâce à l’exercice 2, votre cheval s’incurve sur l’ensemble de son corps. Il s’agit maintenant de conserver cette posture sur un cercle au pas.
En partant de la posture à l’arrêt (sangle thoracique engagée et incurvation), invitez votre cheval à se mettre en mouvement sur un cercle au pas en stimulant le postérieur interne (jamais en tirant la longe vers l’avant, ce qui provoque automatiquement une dégradation de la posture et de l’équilibre).

Sur un cheval dans une incurvation et un équilibre corrects, le postérieur interne viendra se poser en direction de la ligne médiane du cheval et vers l’avant (voir schéma). Il ne doit ni traverser la ligne médiane (le cheval chasse ses hanches vers l’extérieur), ni rester sur la même ligne que l’antérieur interne.
Pour conserver l’engagement de la sangle thoracique et un équilibre horizontal, vérifiez régulièrement que votre cheval répond aux demi-arrêts sur la longe et qu’il ne précipite pas. Au besoin, arrêtez-le, faites-le reculer un pas ou deux puis reprenez.

Quelques conseils pour réussir l’exercice :

  • L’exercice est plus difficile qu’il n’y parait pour le cheval, récompensez chaque bonne foulée au départ et restez progressifs dans le travail.
  • Il vaut mieux que le cheval ralentisse un petit peu trop plutôt qu’il ne précipite (auquel cas il est forcément en déséquilibre sur les épaules et le postérieur ne peut pas travailler correctement)
  • Attention à la flexion latérale : on a vite tendance à en demander trop, ce qui perturbe l’équilibre du cheval.
  • Au début, il est préférable que votre main qui est sur la longe soit très proche du cheval car cela vous permet d’être plus précis (on s’éloignera au fur et à mesure que le cheval intègre la posture).

Je vous conseille également de noter vos observations, par exemple :

  • “Mon cheval tombe à l’intérieur à main gauche et à l’extérieur à main droite.”
  • “Il tombe à l’extérieur aux deux mains.”
  • “Son postérieur gauche engage bien, mais son postérieur droit a tendance à traverser.”
  • “Il est beaucoup plus difficile à incurver à droite qu’à gauche.”
  • “Il se tient bien à main droite, mais précipite et creuse le dos à gauche.”

Ces informations seront utiles dans la suite du travail, et vous permettront de mesurer les progrès.
(Un manque de souplesse, une asymétrie ou un défaut d’équilibre très prononcés peuvent aussi être les signes d’un blocage ou d’une blessure. Restez vigilants et consultez votre ostéopathe ou votre vétérinaire en cas de doute)

Exercice 4 – Incurvation sur la ligne droite – arrêt – reculer

Ce quatrième exercice a pour but de continuer à assouplir votre cheval tout en l’incitant à mieux gérer son équilibre.

Commencez sur un cercle comme dans l’exercice 3, adjacent à la piste. Lorsque vous rejoignez celle-ci, partez quelques foulées en ligne droite en essayant de conserver l’attitude obtenue sur le cercle. Arrêtez-vous et demandez quelques pas de reculer, jusqu’à ce que le cheval soit léger, puis reprenez l’exercice au début.

Beaucoup de chevaux ont tendance à précipiter en arrivant sur la ligne droite, arrêtez et reculez dès que vous sentez que votre cheval accélère et ne répond plus à vos demi-arrêts. Récompensez dès que vous obtenez une ou deux foulées en équilibre.

  • Certains chevaux ont des difficultés à se retrouver “coincés” entre vous et le pare-botte. Travailler le passage étroit sur une longe plus longue est alors nécessaire avant de commencer cet exercice.
  • Un cheval sachant reculer de façon légère est bien évidemment un pré-requis. Si votre cheval a encore du mal avec le reculer en main, travaillez-le d’abord en exercice isolé.
  • Attention, à ne pas demander trop de pli à l’intérieur, le bout du nez doit rester à peu près sur la même ligne que l’antérieur interne.

Exercice 5 – Agrandir le cercle

Grâce à l’exercice 4, votre cheval répond aux demi-arrêts sur la longe et est capable d’alléger ses épaules.
Vous pouvez maintenant, en partant d’un petit cercle, l’agrandir progressivement à l’aide d’un léger déplacement latéral (équivalent d’une cession à la jambe). Pour cela, vous devez emmener les épaules vers l’extérieur du cercle grâce à votre longe, qui fait office de rêne intérieure. Vous pouvez éventuellement vous aider de votre autre main ou d’un stick pour venir toucher le passage de sangle. Veillez à ce que les hanches suivent le mouvement des épaules et à conserver l’engagement du postérieur interne.

  • Si votre cheval a tendance à se traverser, remettez un peu de mouvement vers l’avant en repartant “droit” puis reprenez.
  • S’il a tendance à “oublier” son arrière-main, rééquilibrez-le à l’aide d’un demi-arrêt puis stimulez le postérieur interne à l’aide du stick.
  • S’il s’appuie sur son épaule interne, reprenez l’exercice 4 et travaillez les déplacements d’épaule en isolé.
  • S’il s’appuie plus à l’intérieur à une main, travaillez cet exercice un petit peu (et j’insiste sur le “un petit peu”) plus à cette main là.

Cet exercice a pour avantage d’alléger l’épaule intérieure et d’augmenter “l’élan” du postérieur interne et la rotation du bassin.

Grâce aux mouvements d’adductions et d’abductions, il sollicite les muscles de la ceinture thoracique en contraction et en étirement, mais aussi les fléchisseurs de la hanche et les muscles de la propulsion.

Exercice 6 – Le carré

L’exercice 5 était plutôt axé sur le contrôle de l’avant main. Le “carré” va maintenant vous permettre de mieux contrôler l’arrière-main du cheval. Une fois sur un cercle en longe, c’est un outil supplémentaire pour communiquer avec votre cheval et corriger sa posture, en particulier pour les chevaux qui ont tendance à s’appuyer vers l’extérieur du cercle.

Vous pouvez matérialiser le carré par des barres au sol et des cônes pour une meilleure visualisation.

Demandez à votre cheval de s’incurver sur la ligne droite puis, une fois à hauteur du cône, faites un quart de tour en “chassant” les hanches et repartez incurvé sur le côté suivant. Si votre cheval n’est pas familier avec le travail à pieds, prenez le temps de l’arrêter avant de lui demander de décaler ses hanches.
Si vous avez un cheval qui a déjà tendance à chasser ses hanches vers l’extérieur, passez cet exercice pour l’instant et reprenez les exercices précédents.

Exercice 7 – L’éventail

Grâce aux précédents exercices, vous contrôlez mieux l’équilibre, l’avant-main et les hanches de votre cheval. Il est maintenant temps de passer sur un plus grand cercle et de voir si vous parvenez à maintenir l’équilibre et la posture de votre cheval à distance.

L’éventail est un exercice qui vous obligera à gérer la trajectoire du cercle avec précision. Il met en évidence les tendances de votre cheval en les accentuant et vous permet donc de les corriger (par exemple, un cheval qui a tendance à s’appuyer vers l’extérieur du cercle aura tendance à passer tout droit sur les barres au lieu de dessiner une belle courbe). C’est également un bon exercice de concentration et de coordination pour le cheval.

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