Élisa Téton •
Depuis quelques temps, « l’intention » est entrée dans le vocabulaire technique, dans le travail à pied, en équitation éthologique, dans d’autres méthodes… À force d’être utilisé à tort et à travers, ce mot a perdu de son sens. Il devient soit synonyme de télépathie, soit de pression. Alors de quoi parle-t-on ? Je vais essayer de décortiquer un peu ce que cela vient toucher.
La communication
Communiquer son intention au cheval, c’est lui permettre de comprendre ce que vous lui proposez. Ça passe par la voix, des codes, des repères mais aussi et principalement par votre posture. Si vous voulez qu’il marche avec vous en restant face à lui, ça va être difficile pour lui de comprendre que vous voulez qu’il se mette au pas à l’épaule. C’est aussi vrai et facile à comprendre pour les changement de direction. Si vous êtes à son épaule, assez loin pour qu’il puisse vous voir et que vous montrez votre intention d’aller à gauche en tournant la tête, vos épaules, vos pieds, voire que vous lui indiquez avec le doigt, votre intention devient beaucoup plus facile à comprendre. Vous aurez beau avoir une intention extrêmement forte, si votre corps dit l’inverse, il y a peu de chance que ce soit entendable.
Donc ce n’est pas tant de la concentration et de la télépathie que de la conscience corporelle et de la cohérence dans notre communication posturale.
La contrainte
Dans « intention » on entend « intense ». Cette intensité se finit souvent en pression, explicité ou non et souvent peu intentionnelle justement. Oui, notre posture met une pression. Oui, notre regard met une pression. Oui notre respiration, notre tension musculaire, notre fréquence cardiaque mettent une pression. Tellement que « le poids de notre intention » peut inhiber ou faire fuir le cheval (ou les humains aussi d’ailleurs !). L’intention n’est pas synonyme de « douceur » pour faire sa proposition.
La temporalité
L’intention, c’est une articulation entre présent et futur. Ça permet de donner du sens, de la cohérence (eh oui encore !) et du rythme. À condition que ce soit relatif à un futur immédiat. Sinon, vous perdez la temporalité du cheval avec vos intentions complexes et lointaines.
Je ne sais pas si j’ai fait le tour, sûrement pas. Mais ce que j’avais envie de souligner, c’est surtout que l’intention est un concept, un mot. Ce n’est pas un outil magique. C’est quelque chose qui doit vous aider à prendre conscience de ce que vous transmettez par votre corps, de ce que vous communiquez, de ce que vous cherchez à proposer ou à obtenir. Ce n’est pas de la télépathie.
